Publié par : crise2007 | novembre 28, 2007

Les banques nous explosent à la figure !

Les banques nous explosent à la figure !

 

par Le Mogambo Guru
 

Les gens veulent savoir pourquoi la situation est si terriblement bizarre sur les marchés financiers — et je leur réponds qu’il y a plusieurs raisons à cela, et que toutes ont à voir avec l’avidité. Elles sont également liées au proverbe « il faut battre le fer tant qu’il est chaud », alors que Jim Sinclair de jsmineset.com nous rappelle que « le 15 novembre est le jour où une bombe nucléaire comptable sera lâchée sur les établissements financiers. Cette nouvelle exigence comptable demande la vérité sur la valeur de leurs produits structurés, également connus sous le nom de produits dérivés ».

En deux mots, les actifs de « niveau 3 » sont les actifs figurant au bilan et n’ayant pas de valeur basée sur l’évaluation du prix faite par le marché libre. Ils n’ont que la valeur qu’on pensait qu’ils auraient à l’origine, telle que calculée par les gars qui les ont imaginés, et en fonction de l’argent versé aux gars qui les ont imaginés.

Le problème, c’est que comme le très célèbre « demain on rase gratis », ils ne valent pas une queue de cerise — or tout le monde a fini comme innocent propriétaire de zillions de dollars de ces trucs collatéralisés sans la moindre valeur, qu’on appelle en langage courant « des déchets toxiques ». Hahahaha !

Peut-être que cela a quelque chose à voir avec John Crudele, du New York Post, qui affirmait prévoir avec confiance que le pire de tous les mondes (du point de vue de la Réserve fédérale, du Congrès US, de l’industrie financière et de tout ceux qui ont une vague compréhension du fait que les banques sont l’épicentre de l’économie toute entière) arrivera l’an prochain — les bilans des banques nous explosant littéralement à la figure en janvier.

J’aime bien cette expression, « exploser à la figure », qui reflète bien ce qui se passe quand les choses se mettent à aller vraiment mal, et le fait que je ne fasse attention qu’à cette expression est symptomatique de ce que mon cerveau refuse d’accepter la réalité des bilans catastrophiques des banques, ce qui signifie que les chiffres semblent si épouvantables qu’on parle désormais de banques faisant faillite.

Mais quelqu’un va devoir encaisser les coups ; et, comme le dit une chanson de ma province, « il n’y a personne ici, sauf nous autres les poules » — et nous autres les poules, nous allons devoir payer tous les cas d’avidité, le coût intégral de chaque problème et la totalité des opérations de sauvetage, soit sous la forme d’augmentations d’impôts à verser au gouvernement, soit sous la forme de prix en hausse/rendements en baisse.

Pour un exemple d’avidité, nous avons John F. Wasik, de Bloomberg. Il rapporte que selon une agence gouvernementale US, les grandes huiles de Wall Street et le « secteur des services financiers » — ce même secteur qui déclare 70% de tous les profits réalisés aux Etats-Unis — nous ont tous royalement arnaqués, et le Mogambo avait raison une fois de plus : nous devrions nous précipiter sur les gens qui « gèrent » nos plans d’épargne retraite et les serrer à la gorge jusqu’à ce qu’ils nous rendent notre argent.

Enfin, sérieusement : ces misérables nous gratifient d’une gestion de portefeuille si consternante que plus de la moitié d’entre eux — par la simple nécessité mathématique — ne font pas aussi bien que les indices sous-jacents. Par ailleurs, tous ont les mêmes performances sur le long terme… ce qui recouvre un tel degré d’incompétence qu’il est stupéfiant de voir qu’on les paie plus que le salaire minimum !

Bon, M. Wasik ne va pas jusqu’à dire ça exactement en ces termes ; il révèle cependant que ces « services financiers » qui demandent rien que 1% de déduction annuelle pour frais de gestion d’un plan de retraite, par exemple, « réduiront votre capital de 17% après 20 ans, et 30% sur 30 ans ». Oups !

Cela signifie que près d’un tiers de mon épargne est absorbée par les gens qui font un travail minable en gérant mon argent ; ensuite, un autre bout me sera enlevé sous la forme d’impôts par un gouvernement qui fait un travail minable de gouvernement ? Eh ben ! On est en train de se faire avoir, là !

Les chiffres eux-mêmes sont indiscutables : si je mets un dollar dans le fonds et que les gestionnaires prennent un penny par an — après 20 ans, 20 cents auront été déduits de ce dollar ! Après 33 ans, ils auront littéralement pris un tiers de ce premier dollar, et en moyenne 17 cents environ pour tous les autres dollars que j’aurai versés !

Nous sommes tous maudits !…

La chose la plus terrifiante — et la plus facile à prévoir — dans cette histoire, c’est l’incroyable quantité de trucs qui vont s’effondrer sur les contribuables, et, soyons clairs, sur le reste du monde. C’est d’ailleurs raccord avec le dernier témoignage de Bernanke qui, selon le Financial Times, a « élaboré un plan pour aider à revivifier le marché des prêts hypothécaires ‘jumbo’ (de grandes sommes) — [un plan] impliquant Fannie Mae et Freddie Mac, ainsi que des garanties du gouvernement fédéral », et qui permettrait d' »augmenter la taille des prêts individuels éligibles à la titrisation par les entités de financement hypothécaires parrainées par le gouvernement : elle passerait de 417 000 $ à un million de dollars ». Bigre !

L’arnaque évidente, ici, c’est que toutes ces choses perdant de l’argent seront refilées aux contribuables, comme on le découvre lorsqu’on nous explique que « Fannie et Freddie pourrait payer des primes d’assurances sur ces prêts au gouvernement fédéral, qui ‘agirait comme garant’ en endossant une part du risque de crédit ». Hahahaha ! Parlons plutôt de tout le risque — c’est-à-dire 100%, parce que toutes ces choses ont 100% de chances de faire faillite, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle on les a données à Fannie et Freddie pour commencer ! Hahaha !

Et si vous voulez avoir une petite idée de l’ampleur des pertes qui seront répercutées sur les contribuables et les consommateurs, Bill Bonner nous en donne une petite idée en notant que « l’indice Wilshire est coté en dollars, ce qui est très utile. On peut voir immédiatement combien d’argent les gens perdent. D’un sommet de 15 900 environ la semaine dernière aux 14 600 actuels — c’est une perte de 1 300 milliards de dollars ». Ouille !

Bill continue : « ça, c’est en termes de dollars US. Mais le dollar a perdu environ 10% de sa valeur cette année. Si bien que la perte réelle pour les investisseurs représente plus de deux fois cette somme… soit environ 3 000 milliards de dollars ».

Je suis en train de faire l’addition, mais Bill me devance : « on ajoute à ça les pertes immobilières — qui  atteignent probablement 1 000 milliards de dollars à ce jour. Et il y a les pertes, annoncées ou dissimulées, du secteur des subprime et des produits dérivés, qui pourraient ajouter à cela 500 milliards de dollars supplémentaires environ ».

Tout le monde se fige, attendant que je finisse le calcul, mais je pense que j’ai accidentellement appuyé sur la mauvaise touche, alors je me contente de dire : « 4,5 milliards de dollars ? »

Bill Bonner déclare : « on parle de véritables sommes, là — une perte combinée de richesse équivalent à 4 500 milliards de dollars… soit près de 10% de la valeur nette totale des Etats-Unis d’Amérique ».

J’ai le plaisir d’annoncer que je n’ai pas fait dans mon pantalon suite à cette révélation stupéfiante et parfaitement déconcertante. Enfin, presque pas.

Meilleures salutations,

source : http://www.la-chronique-agora.com/articles/20071126-455.html

source : http://www.la-chronique-agora.com/articles/20071127-458.html


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