Publié par : crise2007 | Mai 20, 2009

Maroc / La classe moyenne : les enchères sont ouvertes

Maroc / La classe moyenne : les enchères sont ouvertes !

 

 

Dans la tourmente des crises internationales successives, énergétique puis alimentaire, ensuite financière et pour finir systémique, voilà qu’on essaye de quantifier la classe moyenne au Maroc et d’arrêter ses caractéristiques. Il y a plus d’une année, à l’occasion de l’évocation de la future réforme de la caisse de compensation, des débats houleux ont ouvert le bal sur le nombre des moyens au Maroc ; et à l’occasion de l’une de ses sorties médiatiques Madame la Ministre de la santé a soulevé la question du revenu-seuil à partir duquel on est un marocain moyen ; plus récemment, le Haut Commissariat au Plan vient de trancher sur la question. Selon la source officielle de la statistique, quelque soit la méthode empruntée la classe moyenne est aux alentours de 50% de la population légale.
Notre souci n’est pas de vérifier la justesse de ce chiffre, car ce sera un discours de sourds, ni de remettre à plat les méthodes utilisées et les seuils choisis, ni encore de questionner le contenu des 15 millions et plus de moyens recensés. La véritable question qui nous tracasse pour l’instant est la suivante : pourquoi parle-t-on à ce moment précisément de la classe moyenne dans un pays qui a toujours préféré mettre en avant ses exploits en matière d’éradication de la pauvreté ?
Nous n’avons pas de certitudes à apporter à ce propos, seulement des pistes de réflexion et différentes suppositions :
1. Evitement de l’analyse bipolaire marxiste selon laquelle il y a une classe de riches exploitants et une frange large de prolétaires et d’armée de réserve industrielle ;
2. Dissimulation des effets de l’inflation sur les revenus, en d’autres termes utiliser le revenu nominal perçu et non ce qu’il vaut sur le marché (pouvoir d’achat). Le recours au revenu réel ne fera qu’accroître le pourcentage des vulnérables à la pauvreté, chose que les officiels cherchent à voiler dans leurs notes ;
3. Le revenu à partir duquel un marocain échappe à la pauvreté n’est que théorique du fait qu’il y a nécessité de déduire les impôts (TVA et autres), les crédits, les dettes de l’épicier, les cotisations, etc. Donc le revenu perçu prime lors des phases d’élection et les charges sont à reporter jusqu’à nouvel ordre ;
4. Esquive de la principale mission sociopolitique de la classe moyenne dans le progrès des pays, et ce en détournant l’attention des gens vers de simples grandeurs économiques qui cachent les disparités. En fait, la question des capabilités et des libertés constitue depuis des années le véritable baromètre d’intégration démocratique des populations aux dépens de l’approche monétaire déjà abandonnée par ses concepteurs notamment le PNUD.

Contentons nous de ce qui précède et admettons qu’il y a une bonne volonté de changement derrière la comptabilisation d’une population à revenu moyen pour ne pas dire classe moyenne. Cette hypothèse elle-même engendre une marée de questions : est ce qu’un pourcentage global a une véritable signification dans un Maroc plein de contrastes ? Pourquoi la classe moyenne marocaine, puisqu’elle existe, ne remplit pas pleinement son rôle de locomotive sociopolitique ? Existe-t-il un projet de sauvetage qui amènera l’équité et stoppera l’affaissement de la classe en question vers le bas puisqu’elle n’a pas la possibilité de regagner le haut ? Etc. Difficile maintenant de voir clair et toute tentative d’apporter des réponses ne serait qu’une pure aventure et une spéculation, disons que nous avons jeté une pierre de plus dans un fleuve d’incertitudes…

source : www.aljamaa.net


Laisser un commentaire

Catégories